Webster participait à la Commémoration citoyenne soulignant l'attentat terroriste à la Grande Mosquée de Québec du 29 janvier 2017. Voici son allocution:

As Salaam Aleykum

Quoi dire?
Quoi dire quand l’intolérance devient palpable? Quand, en un flash, elle se matérialise et emporte notre innocence dans son sillage.

Il y a un an jour pour jour, les larmes et les poignées de mains ont agi comme un baume; un an plus tard, elles ne sont plus suffisantes. Le devoir de mémoire est important, mais sans le devoir d’agir, l’histoire est condamnée à bégayer.

La peur nous suit comme un boulet. La peur de l’autre, la peur de l’inconnu, la peur de perdre ses élections, la peur de perdre des auditeurs. La peur, elle tétanise et paralyse, elle nourrit l’apathie et le désengagement, qu’il soit politique, social ou humain.

La peur pousse à la dérive et beaucoup trop de gens l’entretiennent sans en comprendre les conséquences; que ça soit des partis politiques, des groupuscules identitaires, des médias ou de simples citoyens.

La peur ce n’est pas un projet de société; ce n’est pas une plateforme électorale ni une base sur laquelle consolider une identité. Et ce n’est surtout pas un pont viable vers le futur.

Mais quelle est la source intarissable de cette peur? C’est l’ignorance. L’ignorance; la racine des intolérances et de la haine. La méconnaissance; méconnaissance de Soi, de l’Autre, mais surtout, du Nous collectif. De ce Nous collectif, fort et progressiste, allant toujours vers l’avant au-delà des obscurantismes et de la négativité. Ce Nous, genèse de demain, reflet d’une société juste et inclusive.

Mais connaît-on vraiment notre société, plurielle depuis ses débuts? Je pense entre autre à Olivier Lejeune, premier Africain à Québec et esclave, arrivé ici en 1629. Ou encore, Ibrahim Abou Nader, Libanais d’origine, qui pose ses pieds à Montréal en 1882.

Le Québec, notre Québec, est pluriel et notre histoire colorée depuis des siècles. Il faut refuser cette vision passéiste de notre identité et célébrons ce Nous bigarré et entier. Nos différences ne soustraient en rien à la collectivité, au contraire, nous les additionnons à cette somme qu’est notre futur commun.

Ça prend du courage. Le courage de parler, de s’exprimer et de se regarder en face. De se dire ce qui ne va pas. Osons parler de racisme et d’islamophobie. En ayant peur de les nommer, on ne fait que taire les solutions.

Il faut refuser la peur et relever le défi, où qu’il se trouve. S’opposer à l’ignorance et à l’idiotie sur la place publique, dans les salons et sur notre lieu de travail. Parce que trop souvent nous sommes restés silencieux devant l’intolérance. Elle qui parle beaucoup trop fort et depuis beaucoup trop longtemps. Il faut s’y opposer mot pour mot, tête pour tête, coeur pour coeur.

Le vivre-ensemble, oui, mais au-delà du vivre-ensemble, il faut grandir-ensemble.

Le remède c’est l’amour.
Le remède c’est l’amour

On le martèle et ça résonne comme si le coeur est un tambour.

Crédit photo: Muriel Leclerc

Crédit photo: Muriel Leclerc